
ECOUTEZ Benke de Milton Nascimento, une musique dédiée au colibri et aux indiens.

Benki Piyâko,Chef de la communauté indienne Ashaninka, Frans Krajcberg, sculpteur Julie Binet, directrice de l’Espace Krajcberg
- Frans Krajcberg
Frans Krajcberg nous dit :
« C’est une grande alarme. C’est pas possible que cette violence continue. Toute ma famille a disparu pendant la guerre. Maintenant c’est avec les indiens. C’est pour ça qu’ils sont ici. Réveillez-vous tous. On va écouter ce qu’ils veulent comme aide. Prenez conscience qu’on a besoin d’eux. Merci »
Extrait du SITE de l’Association AKIRA sur la venue du Chef indien Benki Piyâko
Transmettre son savoir, fédérer les peuples, communiquer et élaborer des stratégies de protection et de reconnaissance des patrimoines traditionnels figurent parmi ses principales missions.
Né en 1974, d’un chef indien et d’une femme blanche, Benki est aujourd’hui la figure emblématique de la tribu Ashaninka (100 000 âmes et 5 000 ans d’histoire, pour ce peuple frontière disséminé entre le Pérou et le Brésil). Pour cette communauté qui reconstruit son identité, Benki est un leader spirituel et politique respecté. Formé par son grand-père, il fût prédisposé dès son plus jeune âge et coopté par les anciens à endosser le titre de chamane et de porte-voix. Cela fait maintenant 20 ans, que Benki se bat au quotidien et sur tous les fronts, pour la préservation des cultures et des terres de ses ancêtres. Sa population est menacée par l’exploitation des ressources naturelles (bois précieux, coca, pétrole, or, gaz), l’invasion des terres et ses fléaux, la corruption, la prostitution, la drogue, l’alcool et les milices dans des territoires où les forces de l’ordre sont absentes.
Pour rendre son peuple autonome et les sensibiliser à la protection essentielle de la faune et de la flore, Benki a créé en 2007 un centre baptisé YORENKA ATAME.
Cette école accueillant aussi des étudiants du monde entier, vise à enseigner les pratiques ancestrales culturelles avec les outils pointus du “nouveau monde” (informatique, agroforesterie, réseaux sociaux…). Soutenu par l’ONU et l’UNESCO, Benki lutte pour instaurer un système politique unique basé sur la concertation, l’enseignement et l’apprentissage.
Pour ce guerrier de la paix, il n’y a pas meilleur porte-parole que le peuple lui même !
La terre des Ashaninkas
Benki Piyâko nous dit :
« Je vais parler de nos problèmes, de nos rêves, de ce que nous attendons dans la vie. Nous savons que le grand massacre de la destruction, nous le vivons depuis des centaines d’années jusqu’à aujourd’hui. Notre pays le Brésil nous a causé beaucoup de tristesse et de déceptions. Mais malgré tout nous résistons pour protéger nos forêts. Nous sommes ici pour alerter l’humanité sur tout ce qui se passe. Sur nos terres, nous avons des barrages, du pétrole, des minéraux, des richesses. Tous les ans environ 70 chefs indiens sont tués. Nos rivières commencent à être empoisonnées. La chemise de la terre qu’est la forêt se déchire. Nous luttons pour l’eau, les aliments, les animaux. Avec les changements génétiques, nous pouvons perdre la grande richesse naturelle.
Depuis que je suis enfant je lutte aux côtés de mes frères et soeurs. Presque tous les jours, je suis menacé de mort. Nous sommes dans la lutte contre les économies qui nous volent la terre. Pourquoi ces crimes arrivent-ils ? Ce sont des poisons crées par l’homme : poison de la drogue, poison de prendre les bois de la forêt. Nous luttons pour une conscience. Ce n’est pas une lutte personnelle, mais une lutte au delà de moi. La richesse est de vivre avec la nature. Nous vous demandons de vous joindre à nous, de parler aux hommes sages, pour parler de l’Esprit, pour comprendre pourquoi nous sommes sur terre. Je suis menacé parce que je lutte pour sauvegarder nos connaissances ancestrales, parce que prépare les leaders de demain. Je suis parti de ma communauté depuis un mois, en pèlerinage auprès des communautés pour parler de cette conscience. Je demande à chacun de vous de plaider auprès du gouvernement brésilien pour que nous puissions continuer notre combat vivants. J’ai demandé protection à la direction de la commission des droits de l’homme.
Mon projet est de travailler avec la communauté Ashaninka notre esprit en lien avec la terre et la forêt, avec les eaux et le temps, et cet équilibre existe depuis le plus petit insecte jusqu’au la forme de vie plus grande. Nous avons besoin d’amour dans notre coeur pour respecter la diversité de vie et de la nature. Mon travail est auprès des enfants et des jeunes. Ce projet intègre les médecines sacrées, la récupération des eaux, des poissons, des animaux, des plantes. Nous avons créé un centre spirituel pour guérir les maladies. Etudier les sciences sans conscience mènera la terre à des catastrophes qu’aucune science ne pourra sauver. »
Eliane Fernandes, de l’association Akiri, nous dit :
« L’Etat de l’Acre d’où viennent Benki et Puwê se trouve au Brésil, à la frontière du Pérou et de la Bolivie. Géographiquement c’est une région qui connait, comme l’a mentionné Benki, de grands problèmes environnementaux. Pourquoi ? Parce qu’il y a du pétrole, de grandes richesses minérales, le trafic de drogue, seulement pour indiquer quelques uns de ces problèmes, sans oublier les projets gouvernementaux des 3 pays, Brésil, Bolivie, Pérou. Ces 3 leaders indigènes souffrent de ces pressions du dit développement. La construction de routes menacent leurs terres sacrées. et pour ce peuple Ashaninka, il y a ces trois menaces que sont l’exploitation pétrolière, le trafic de la drogue et l’exploitation du bois. Et pour compléter ce que Benki a dit sur le Centre des Savoirs de la Forêt, c’est un message d’espoir pour préserver non seulement le milieu naturel, mais aussi la culture des peuples menacés. Avec ce Centre Benki travaille avec des jeunes, mais aussi avec d’autres peuples pour lutter contre cette destruction. Je passe la parole à notre frère Puwê. C’est un honneur de les avoir parmi nous, eux qui défendent aussi toute la planète. »
Extrait du SITE Akira sur la venue du chef indien Puwê Luis
Puwê Luis Puyanawa, invité d’honneur de la Quinzaine Amazonienne, november 22, 2014
Puwê Luis Puyanawa, grâce à son charisme de leader politique et spirituel, avec l’appui des Ashaninkas, a pu retrouver le village de ses ancêtres, oublié depuis plus d’un siècle. Après sa reconnexion avec ses origines, il a réussi comme par miracle à éloigner de sa communauté les missions évangéliques et l’alcool qui s’étaient emparés de l’esprit de son peuple.
Son objectif aujourd’hui est de racheter cette terre qui appartient aux descendants de Mancion Lima : le colonel qui avait pris possession de la Serra do Divisor, construit le premier aéroport de Cruzeiro do Sul et exterminé les indiens résistants.
Leader exemplaire, c’est son premier voyage en Europe.
“Pour nous comme Puyanawa, Puwê est un leader exemplaire. Il a été une des personnes qui est parti dans notre forêt à la recherche de notre ancienne Maloca (maison communautaire) et qui est revenu très heureux d’avoir retrouvé ce lieu sacré. C’était un rêve devenu réalité. Une mission d’une immense importance pour notre peuple Puyanawa. Il a contribué a nous ramener un morceau de notre histoire, de nos ancêtres PEYAVAKEVU.”
MANIFESTE DES ASHANINKAS
Le peuple Puyanawa
Puwê Luis nous dit :
« Les personnes qui nous soutiennent dans ce projet nous ont permis de venir de loin. Nous sommes venus de si loin…Je m’appelle Puwê, de la terre Puyanawa dans l’état de l’Acre au Brésil, dans le haut du fleuve Moa, à la frontière Brésil / Pérou, à 400 km du village Ashaninka. Pour vous donner une idée, en 1903, il y a presque 111 ans, notre communauté comptait 800 personnes, indiens sans aucun contact avec la civilisation. Aujourd’hui nous ne sommes plus que 560 indiens. Nous sommes venus pour parler de notre résistance. Quand nous parlons de la terre, ce n’est pas seulement de notre terre, c’est de toute la terre. Nous sommes là aussi pour vous entendre. Pour nos enfants et nos petits-enfants nous devons prendre soin de notre terre. Notre terre a 24 mille hectares. Notre site spirituel sacré est en dehors de ce territoire. Sur ce lieu sacré il n’y a que des esprits, pas d’habitants. Ces esprits nous ont livré un message de sagesse. Il existe des voix, des chants, des gémissements, la pluie, les astres de la terre. Le peuple Ashaninka nous a orienté dans notre quête spirituelle par l’étude. Nous sommes arrivés à entrer dans le monde spirituel d’il y a 111 ans en arrière pour retrouver le savoir de nos ancêtres. C’est cette histoire qui nous amène aujourd’hui. Pourquoi suis-je là ? Ce sont les esprits qui me l’ont demandé. Car il est prévu qu’une autoroute coupe cette terre, là justement où réside le grand pouvoir de la forêt. Je vous appelle pour sauver avec nous ce territoire, qui ne m’appartient pas mais appartient aux origines du monde. »
Message d’Anouk Garcia :
« La Serrado Divisor, terre sacrée dont parle Puwê, est en partie parc national, très peu connue. Il y existe des plantes que personne ne connait, une faune et une flore très rare et les esprits y sont très forts. Le projet de Puwê c’est aussi cette terre qui a 30 mille hectares. Cette terre elle vaut 600 mille reais. Il faut racheter cette terre. elle vaut 200 mille euros. Cette région protège la plus grande diversité au monde. Les meilleurs protecteurs de cette région ce n’est pas le gouvernement, c’est les peuples. »
Anouk Garcia, de l’association Akiri nous dit :
« On rentre dans un temps où on peut tout perdre. Mais on rentre aussi dans un temps où au lieu de parler du négatif, nous vivons une prise de conscience. Aujourd’hui c’est le hasard qui a fait que les dates se sont mises ensemble, que Frans Krajcberg a pu arriver pour donner sa parole, que Benki Puiyâko est là à ses côtés. Je pense que l’on ne s’en rend pas compte mais on vit là un moment historique. Tsonkiri est un mot Ashaninka, c’est le beija-flor, le colibri. Benki a l’esprit du tsonkiri. Aujourd’hui on ne veut pus que ce soient les autres qui agissent au nom des communautés. C’est à eux de prendre la parole. Ce sont eux qui ont les compétences de sillonner le monde, pas seulement l’Amazonie, pour transmettre ce que la communauté Ashaninka a construit pendant 20 ans… Dans les communautés amérindiennes l’individu c’est un tout, c’est un tout qui fait partie de la nature. La nature et l’homme ne font qu’un, l’individu n’existe pas. »
Dans le cadre de son nouveau projet “Beija flor”(Colibri), Benki travaille avec les communautés non indigènes en formant les jeunes leaders aux pratiques durables inhérentes aux savoirs ancestraux, renforcées des valeurs indigènes de préservation de la nature. En créant des emplois dans la région, et en reboisant les régions frontalières du Brésil et du Pérou, il travaille à la création de valeur dans l’optique de modifier les préjugés de la société à l’égard des indiens, et de créer des ponts entre les deux culture.
Si vous souhaitez prendre contact, vous informer, soutenir les peuples Ashaninka et Puyanawa, vous pouvez vous rendre sur le site
contact : Anouk Garcia
akiri.asso@gmail.com